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courtsrécits
15 avril 2006

Le goulot

Quand il s’éveilla à lui-même, il fut tout d’abord étonné de se retrouver là ; non pas que cet endroit fut un lieu impossible (étroit boyau souterrain lui permettant uniquement de se déplacer de l’avant ou de l arrière en rampant sans pouvoir se retourner) mais sa présence ici déclenchait en lui des sentiments effroyables.
Il n’avait aucun souvenir, aucun passé, et pourtant il se savait être humain doué de tous ses sens y compris celui de la vue même sil se trouvait actuellement dans la plus grande de toutes les obscurités. Le passage était incliné et la pente assez conséquente. Avançant à reculons, se retenant parfois de ses mains ou écartant les bras pour ralentir sa descente et tâter de l’extrémité de ses pieds le terrain, il progressait comme il pouvait.

Après une interminable progression qui dura sûrement plusieurs heures, il sentit le vide au bout de ses pieds. Son pouls s’accéléra et sa respiration se fit plus vive lorsqu’il s’aperçut que l’abîme était là, sous lui, sans qu’il eut vraiment un véritable moyen de savoir la hauteur qu’il y avait. C’est alors q’une voix retentit :
– Pas d’inquiétudes, vous pouvez sauter sans problèmes !
Il étira ses bras vers le haut de façon à se laisser glisser et il retomba sur une surface molle, toujours dans le noir complet.
– Levez vous et avancez droit devant en tendant les bras !
Il s’exécuta ne voyant vraiment pas ce qu’il pouvait faire d’autre.
– Bravo monsieur Flide ! Vous avez réussi !
– Euh! J’ai réussi quoi ?
– Le chemin voyons ! Le chemin !
– Je ne comprends pas ce que vous me dites, quel chemin ? Qui suis-je ? Où suis-je ?
Ces questions lui venaient mécaniquement, il ne s’entendait même pas les penser et cela le troublait encore plus.
Toute la pièce s’illumina d’une clarté veloutée.
– Pausez votre main droite sur le cercle rouge dessiné sur le mur.
L’indication était précise. Il aplatit  sa paume sur la surface froide.
Du haut-parleur invisible surgit une autre voix.       
– vous pouvez avancer monsieur Flide !
Il fit trois pas, attendit quelques secondes et la grande cloison s’ouvrit lui laissant le passage. Au bout d’un long couloir une femme vêtue d’un magnifique ensemble pourpre lui prit la main et l’invita à pénétrer dans une pièce tamisée aux lumières mystérieuses. La mémoire lui revenait peu à peu et il savait exactement quoi faire.
En s’asseyant sur le fauteuil blanc il tendit les deux bras afin de recevoir les gants tactiles et le casque de conditionnement. Il eut juste le temps de voir l’hôtesse taper le code d’activation.

Face à lui la mer était sombre presque noire avec  ça et là les reflets orangés d’un soleil finissant.
Un vent léger déposait des grains de sable sur son visage et ses épaules nues, ce qui lui procurait une sensation bien agréable. Il se retourna sur le ventre, croisa les bras et tomba dans une douce torpeur….
« Monsieur Flide réveillez-vous ! Monsieur Flide réveillez-vous ! » La voix résonnait dans sa tête et semblait venir de très loin, il du faire un effort considérable pour réussir à entrouvrir les yeux et retrouver les sensations de son corps. Le visage qu’il discernait ne lui était pas familier ; c’était celui d’un petit homme chauve, sans doute très vieux, vêtu d’une combinaison noire  lui donnant un aspect très solennel.
Quelque chose clochait, mais il ne savait pas quoi. Il décida néanmoins de suivre le vieillard, en remarquant que celui-ci marchait d’un pas alerte pour son age.     
–     où m’emmenez-vous ?
Le vieil homme tourna la tête, esquissa un sourire et marmonna :
– Vers le chemin monsieur Flide, vers le chemin !
C’est alors qu’il aperçut avec horreur une cohorte de vieux vêtus à l’identique, réunis en cercle autour d’une ouverture à même le sol. Il voulut fuir mais ses forces l’abandonnèrent subitement et tel un pantin désarticulé il se laissa traîné par les étranges créatures humaines qui sans ménagement le jetèrent dans la cavité.

Quand il s’éveilla à lui-même, il fut tout d’abord étonné de se retrouver là ; non pas que cet endroit fut un lieu impossible (étroit boyau souterrain lui permettant uniquement de se déplacer de l’avant ou de l arrière en rampant mais sans pouvoir se retourner) mais sa présence ici déclenchait en lui des sentiments effroyables…

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Commentaires
M
Bonjour,<br /> Je trouve vos textes très bien écrits et fluides. Il y a beaucoup de talent dans vos phrases. J'attends des suites. Jécris également sur marcelpineau.unblog.fr
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